21 novembre 2011

Pascale Got, le retour ...

Bien connue des médocains puisque c'est leur députée (5eme circonscription de la Gironde), pascale Got, après près de 4 années de silence quasi-total sur le sujet (!)  a réabordé l'ex-projet de contournement autoroutier lors de la réunion annuelle de la très active association Vivre la Foret (vivelaforet.org). Ses propos que je vous reproduits ici ont fait l'objet d'un petit encart dans le journal sud-ouest du 21 novembre :
   "Ce projet n'existe plus ! C'est un projet qui ressort en période électorale, mais au niveau national, il n'y a aucun financement de prévu pour le mettre en œuvre, et il n'est même pas inscrit sur la liste des grands travaux nationaux à venir. Pour faire face à la saturation de l'agglomération bordelaise, les ministres préfèrent un grand contournement ferroviaire qui sera plus opportun à l'Est qu'à l'Ouest. Mais le grand contournement annoncé par Philippe Madrelle depuis 15 ans, il n'en est plus question."


Deux remarques à ce sujet.

Pourquoi tient-elle à évoquer le sujet alors qu'elle n'en a plus parlé depuis 2007, juste avant son élection ? Et bien parce que les élections de 2012 approchent ! Et tout le monde sait qu'aborder le sujet, c'est vous assurer à coup sûr quelques lignes dans la presse locale. C'est donc chose faite pour Mme Got, visiblement déjà en campagne dans l'attente de challengers.

Mais cela m'amène à ma deuxième remarque : on n'en sait toujours pas d'avantage sur sa position réelle ! Et ça ne date pas d'hier : Dès mai 2007, elle esquivait déjà allègrement la question sans jamais réellement s'afficher comme étant contre le projet (voir archive). Dans  tous les cas, elle n'a jamais soutenu le mouvement des anti-contournements médocains ou des anti-contournements tout court. Et depuis son élection, plus jamais elle n'a évoqué le sujet, encore moins donné son avis précis sur le projet, ne faisant que prendre acte de son abandon fin 2009. Au final, on sait dans ses propos ce que "les ministres préfèrent" ... mais elle, quelle est sa préférence ?

Mais rien n'est perdu ! En effet, le lancement prochain du "Grenelle Girondin des Mobilités" initié par Vincent Feltesse et cautionné par le Préfet Stefanini lui donnera sûrement l'occasion de présenter enfin sa position réelle sur le sujet ! Avant les élections législatives, ce serait la moindre des choses car cela pourrait bien être un point de détermination pour les électeurs. En effet, si l'on extrapole les sondages actuels, nous pourrions nous attendre à l'arrivée d'un ministre des transports du même parti que Mme la députée ... Et là, pourra-t-elle nous faire état de la même volonté au plus haut niveau de réaliser un contournement ferroviaire sans plus jamais exhumer le projet de M Madrelle sous une forme ou une autre ? Comment se positionnera-t-elle alors sur ce que les ministres préfèrent ...

14 septembre 2011

Retour du CAB : Le Préfet Stefanini siffle la fin de la partie ?

Ce mardi 13 septembre, le nouveau Préfet Stefanini s'est exprimé sur de nombreux sujets mais été très attendu sur le dossier de l'ex-contournement autoroutier de Bordeaux. 

Aux journalistes présents, il a déclaré que le CAB "a été enterré il y a trois ans de cela par le Grenelle de l'environnement (…). L'État préfère aujourd'hui le ferroviaire et faire des efforts pour mieux exploiter les structures existantes. » Le journal sud-ouest, dans son édition du 14/09 traduit pour sa part cela comme l'affirmation que le contournement appartient au passé. Il n'est pas le seul (voir article précédent). On peut donc comprendre que le dossier est bel et bien enterré, conformément aux précédentes décisions de l'Etat (vous devez à ce sujet relire cet article !)
Il a ensuite renforcé la crédibilité de ce souhait en confirmant l'enveloppe de l'Etat de 18 millions d'Euro pour le démarrage des travaux de la mise à 2x3 voies de la rocade (que certains appellent déjà les 18 millions Juppé, tant le Ministre n°2 du gouvernement aurait pesé de son poids dans ce transfert de fonds). 
Nous pourrions donc être plutôt rassurés.

Cependant, d'après le journal Sud-Ouest, le Préfet aurait cependant ajouté "Je n'ai pas dit que le projet était mort, j'ai dit qu'il était enterré". C'est donc au final un peu moins clair : si les morts sont généralement enterrés, les projets autoroutiers seraient encore en vie sous terre ?
Le Préfet Stefanini a également semblé apprécier l'initiative de V Feltesse visant à créer un grand débat sur la mobilité en Gironde, initiative dont il a souhaité "accompagner les démarches si nécessaire", "grenelle" dont je pense personnellement qu'il ne faut pas forcément rejeter mais donc il faut quand même se méfier. En effet, quoi de mieux qu'une série de réunions prétendument "multipartites" pour en faire ressortir une "majorité", justement celle qui arrange ses organisateurs ... On nous a déjà fait le tour lors du Débat Public de 2003, vaste mascarade destinée à habiller le projet de CAB autour d'un faux consensus. Depuis, il est normal de toujours rester méfiant sur ce genre de propositions...

12 septembre 2011

Rentrée politique de Madrelle : le Président du CG raconte n'importe quoi.

Devant plusieurs journalistes, dont un du  journal Sud-Ouest, Philippe Madrelle a fait sa rentrée politique et a abordé une x-ième fois le dossier du contournement. Revigoré par les déclarations d'Alain Juppé sur le dossier, il est revenu sur son thème favori.
Voici ses propos mis en ligne sur le site du journal le 10 septembre : « L'idée que j'ai lancée, il y a vingt-deux ans, commence à rallier de plus en plus de monde, notamment Vincent Feltesse dont j'approuve l'initiative d'organiser des assises de la mobilité. Il y en a marre des parlottes et j'attends maintenant d'Alain Juppé qu'il fasse valider par le gouvernement sa récente volte-face sur le sujet alors que le schéma national des infrastructures terrestres pour 2030 est en cours de finalisation. Mais on peut aussi penser au contournement ferroviaire. La thrombose totale nous guette, il faut agir. »

A priori, la grande classique : "L'autoroute Madrelle" comme recette miracle à la thrombose. On peut cependant s'attarder sur la déclaration ...

Vous aurez d'abord tous noté que la réaffirmation de la paternité du projet se chiffre en décennies, ce qui ne met pas le Président du Conseil Général à son avantage ... mais vous aurez également noté si vous suivez ce blog que c'est exactement ce que reproche V. Feltesse à cette "solution" (voir article). Pour mémoire, le Président de la CUB a affirmé à peine une semaine avant qu'il fallait plutôt se repencher sur le problème sans reprendre "une solution vieille de trente ans qui ne parvient pas à s'imposer". (d'où les assises de la mobilité). M. Madrelle est clairement prêt à raconter n'importe quoi pourvu que ça puisse aller dans son sens ! En effet, les déclarations de V Feltesse sont à l'évidence aux antipodes d'un ralliement au projet tel qu'imaginé par son père créateur ! Entre "une idée qui commence à rallier [...] V Feltesse", et "une solution veille de trente ans qui ne parvient pas à s'imposer", le Président du Conseil Général ne s'encombre pas avec la nuance !

Encore plus fort : M Madrelle en aurait "marre" des "parlottes" faisant clairement allusion aux propos d'Alain Juppé. Ce dernier a en effet demandé début septembre à ce que le dossier soit "remis à plat" ... tout en ajoutant "qu'il ne fallait pas ressortir le projet initial". En plus d'assimiler discussions, débats et remise à plat avec des "parlottes", M Madrelle raconte ici encore n'importe quoi : A l'évidence, les propos d'Alain Juppé ne manifestent absolument pas un quelconque ralliement au "projet Madrelle" ! Certes il a déclaré mi-juillet souhaiter "rouvrir le dossier", mais cela ne veut pas pour autant dire qu'il veut que le schéma national des infrastructures et des transports en cours d'élaboration incorpore la mention "autoroute madrelle" comme sous-entendu. Là encore, la relecture des propos frisent la malhonnêteté intellectuelle.

Enfin, concernant le "mais on peut aussi penser au contournement ferroviaire", on notera l'allusion, la citation pour la forme, sans soutien ni conviction aucune, ajoutée à la fin histoire d'en parler. Une clôture téléphonée d'un plan de com' relooké 22 années plus tard :
"... et n'oublie surtout pas de citer le ferroviaire, Philippe !"; 
"T'inquiète !"; 
Quelle tristesse. Mais on peut aussi commencer à ne plus tenir compte des propos de M Madrelle ...

06 septembre 2011

Vers un réel retour du projet de contournement ?

Le 5 septembre, dans le cadre d'une conférence de presse sur l'avenir de la ville de Bordeaux, Alain Juppé , entre autres sujets, est revenu sur ses déclarations de début juillet concernant le CAB (voir article précédent).
Évoquant les problèmes des transports, le Maire de Bordeaux a regretté le retard pris par la mise à deux fois trois voies de la rocade mais s'est félicité d'avoir rouvert le débat sur le contournement de l'agglomération. Tout en estimant "qu'il ne fallait pas ressortir le projet initial" et "remettre le dossier à plat", il justifie ses propos par  l'incapacité de la SNCF à relancer le fret ferroviaire.

Quelques jours avant, Vincent Feltesse, à mon avis un peu surpris et gêné par la sortie d'Alain Juppé, avait estimé pour sa part nécessaire d'ouvrir un "grenelle des mobilités" en Gironde dans le courant du mois de septembre. Sous la forme de réunions multipartites, cette initiative permettrait à toutes les parties prenantes de "participer à la réflexion" sur les grands projets de transport que seraient un contournement des transports en communs, une mise à 2x3 voies de la rocade et un grand contournement, "sans présumer à l'avance de sa forme, routier ou ferroviaire". Cela pourrait donc sentir la réunionite-marathon destinée à noyer le (gros) poisson ? Mais le Président de la CUB d'ajouter : "Ressortir la solution du grand contournement aujourd'hui incite pourtant à la prudence. Le débat ne doit-il pas se focaliser sur le problème à résoudre plutôt que reprendre une solution vieille de trente ans qui ne parvient pas à s'imposer ? " Des propos beaucoup plus nuancés donc.

Au final, et à mon avis, il est pour l'instant urgent pour les pro-CAB d’attendre et temporiser : Entre la volonté d'une "remise à plat" ou d'un "grenelle des mobilités", ça sent la communication alambiquée sur le thème "éventuellement oui au projet mais avec un autre projet". Cela montre peut-être aussi que la sortie d'Alain Juppé a au final peut-être plus embarrassé les grands élus pro-contournement qu'autre chose (et c'était d'ailleurs peut-être le seul but ?) et ceux-ci ne sont peut-être pas si mécontent que l'Etat ait enterré le projet ? Peut-être ont-ils également enfin intégré son inutilité et l'aberration de sa réalisation, et donc le risque politique qui va avec ? Dans tous les cas, il est clair qu'ils font aujourd'hui preuve d'une très grande frilosité sur le sujet et que rien ne se fera réellement avant la fin du cycle électoral de 2012, présidentielles et législatives.

Cela étant, il y a à mon sens pas mal de raisons d'être relativement serein si nous devions recommencer nos actions, notamment et surtout parce que le projet n'est pas plus défendable aujourd'hui qu'hier tant les arguments pro-contournement sont intenables. De plus, nous avons un nouvel argument de poids avec l'échec patent de l'A65, entre autres sur le plan économique. Que va-t-il se passer quand les collectivités traversées devront mettre la main à la poche comme le prévoit en général tout contrat de concession ? Désormais, tout projet de CAB devra donc faire la preuve de la réalité de sa rentabilité, ce qui paraît hautement improbable. Un grossier habillage sur le mode "autoroutes écologiques" n'y ferait rien, et les pro-contournement le savent.

19 juillet 2011

La coordination réagit par voie de presse.

Suite aux déclarations d'Alain Juppé (voir article précédent), la Coordination Incontournable, qui lutte depuis le début contre le projet, a rapidement et vivement réagit à l'idée de sa réactivation. Je vous reproduits ci-dessous et dans son intégralité le communiqué de presse qui a alors été envoyé aux médias : 

"La coordination incontournable exprime sa plus vive émotion suite aux propos pour le peu surprenants du Maire de Bordeaux qui, après avoir fermement pris position contre la croissance du fret routier, entend réactiver un projet pourtant abandonné par l'État au motif de son incompatibilité totale avec les objectifs du Développement Durable. La coordination incontournable tient notamment à rappeler, à la suite de la Direction Régionale de l'Équipement en son temps, la totale inutilité de ce projet dans un but de désengorgement de la rocade et s'étonne de tels propos de la part d'Alain Juppé. Elle rejoint cependant sa position sur le fret ferroviaire et réaffirme l'urgence de sa réalisation alors que ce dossier prend effectivement un retard inacceptable."

Le journal Sud Ouest en a publié quelques extraits dans son édition du 16 juillet (article consultable sur le site du journal).  Je ne sais pas si les autres médias à qui la déclaration a été envoyée ont également joué le jeu et publié l'avis de la Coordination sur la question. A suivre donc.

12 juillet 2011

Virage vert : Sortie de route d'Alain Juppé ?


Lors du Conseil de la Communauté Urbaine de Bordeaux du vendredi 8 juillet concernant notamment les projets liés à Bordeaux métropole, Alain Juppé a fait une déclaration fracassante en annonçant qu'il fallait "rouvrir le dossier du contournement autoroutier" et ce en réaction à "l'incapacité de développer le fret ferroviaire" en France, arguant des difficultés liées à  "la mobilité et à l'accessibilité extérieure" à la métropole. Tournant le dos à ses engagements passés et à sa vision écologique, le ministre maire de Bordeaux a réalisé un coup médiatique de maître en se plaçant clairement au centre du jeu politique, volant habilement la vedette au Président de la CUB Vincent Feltesse.

Depuis ces propos, comme il fallait malheureusement s'y attendre, tous les pro-contournement se déchaînent et nous assistons à un vrai déluge de prises de position sur le mode "je l'avais bien dit", "il faut maintenant aller vite",  "la concertation ne doit plus être une source de perte de temps" etc. et les arguments les plus démagogiques refont surface : "permettra d'éviter la thrombose au niveau de la rocade", "d'éradiquer les bouchons", "limitera la pollution" (si si) et j'en passe ... alors que les opposant au projets ont maintes et maintes fois fait la preuve de leur vacuité.

Ce qui est clair, c'est que cette sortie bien calculée a déjà pour conséquence de raviver les oppositions, et ce dans un temps politique de plus en plus tendu à l'approche des présidentielles et législatives de 2012. Pour EELV, la "hache de guerre" est déterrée avec le maire de Bordeaux ... mais  cela va également raviver les tensions extrêmement fortes sur le sujet entre la formation écologiste et le PS dont les caciques ont toujours été pro-CAB, mais aussi entre le pôle écologiste du PS et les vieux "routiers" (elle est facile, je sais) du parti, promoteur d’infrastructures lourdes. Sans oublier entre le PS et ses propres électeurs ! En effet, n'assumant pas leur choix certains, se défilent déjà comme par exemple Vincent Feltesse qui a très rapidement affirmé que le projet ne devait "pas être inséré dans le cadre du projet métropolitain". C'est sûr qu'une grosse autoroute à camions en plein dans l'Ecoparc de Blanquefort, cela ferait un peu tache ! Face à la réaction des électeurs (et des contribuables, on l'oublie trop souvent sur ce projet), mieux vaut donc faire porter le chapeau aux services de l’État ...
La conséquence à court terme de ces déclarations est déjà donc bien visible et peut permettre d'en deviner la raison première, au moins en terme de "timing"...

Ce pavé dans la marre va cependant mettre en lumière les contradictions des uns et des autres, et tout d'abord celles d'Alain Juppé lui-même ! En effet, le numéro 2 du gouvernement va avoir beaucoup de mal à justifier sa position car comment vouloir à la fois promouvoir une "nouvelle vision pour les transports" et relancer le pire des projets autoroutiers ? Comment Alain Juppé se figure-t-il que des "autoroutes intelligentes" permettront de réduire la croissance du fret routier ? Comment traiter "la mobilité" dans l'agglomération et faire la promotion d'un projet dont on sait qu'il ne servira à rien en terme de désengorgement ? Comment vouloir régler "le problème de l'étalement urbain" et favoriser des grands axes routier ? Comment vouloir "abandonner le fret routier" et proposer toujours plus de routes ? Comment en avoir quasiment fait un argument de campagne aux dernières municipales et éventuellement porter la parole inverse aux suivantes (2014) ? Et comment enfin ne pas oublier ses propos de 2008 que vous pouvez relire pour mémoire ...

Cette position d'équilibriste va donc être très difficile à tenir ... et à faire avaler à ceux qui ont salué son virage vert. Beaucoup pensent à une simple manœuvre politique. Ils ont en partie raison car ce projet a un autre très gros défaut : il permet immanquablement à celui qui l'évoque de faire parler de lui ...


Cela étant, à plus long terme, il faut se rendre à l'évidence : le projet est susceptible de ressortir pour de bon si personne ne s'y oppose pas fortement une fois de plus. La raison l'avait emportée en son temps et il va malheureusement falloir recommencer le travail de mobilisation et de pédagogie alors réalisé. Pour l'heure, il est important que chacun commence à se faire à l'idée d'une reprise possible de certaines actions "incontournables". La coordination est actuellement en train de se réactiver et un réunion "de rentrée" en en cours de calage.

Vous serez bien évidemment tenus au courant sur ce blog qui reprend donc du service !